mardi 21 avril 2009

Une autre chronique sur la réforme scolaire

Lors d’une autre chronique, j’ai brièvement abordé l’éternel sujet qui me hante depuis la première année scolaire de Cheetah…Le renouveau pédagogique communément appelé la réforme scolaire. Vous ai-je dit que je m’inquiétais des répercussions sur nos enfants? Je termine la lecture d’un livre écrit par un professeur de cégep. Le titre lui-même en dit long « Pourquoi nos enfants sortent-ils de l’école ignorants? » Avec un tel titre, vous comprendrez qu’il m’a été difficile de ne pas l’acheter. Ce livre n’est pas facile à lire puisque j’en suis à ma première relecture afin de surligner les nombreux mots qu’il me faudra chercher. Disons que le travail en vaudra la chandelle puisque mon vocabulaire sera sans doute enrichi de plus d’une centaine de mots. Ma première lecture s’est fait rapidement puisque j’étais plutôt soucieuse de connaître le diagnostic. Ce professeur de cégep, Patrick Moreau, non seulement explique-t-il le problème d’une manière à comprendre le malaise actuel, mais son analyse passe aussi par des exemples nous démontrant les problèmes à venir au cégep avec la nouvelle clientèle de la réforme. Il dénonce une baisse de critères qui a eu lieu dans le système scolaire ayant pour effet de baisser les critères exigés. Même du temps où j’étais moi-même étudiante à l’Université en Intervention psychosociale, il n’y a pas si longtemps en 2004, j’ai vu des critères d’évaluation changer étant donné que la majorité des élèves n’avaient pas la capacité de rencontrer ces critères. J’ai vu des classes d’élèves adultes débattre du droit de terminer la classe à 21h45 au lieu de 22h00 prétextant avoir travaillé toute la journée. J’ai été témoin d’élèves qui ont demandé que les travaux soient allégés sous prétexte qu’ils avaient trop d’ouvrage. Ma foi, je me suis demandée si je n’étais pas atterrie par hasard dans une garderie au lieu d'une classe universitaire. Quoi qu’il en soit, mon opinion peu favorable sur la réforme est fondée sur une expérience qui date des années 1970 et qui s’appelait la méthode du Sablier. Quand j’en parle, il n’y a pas beaucoup de gens qui en ont entendu parler. J’ai été une des victimes de cette méthode (quoi que je me suis sentie plutôt cobaye) qui avait pour but de réformer la manière d’apprentissage des élèves en leur enseignant le français plutôt par phonétique au lieu de la bonne vieille méthode. J’ai donc appris à épeler les mots par son…exemple maison devenait mmm èèèèèè zzzzz onononon! Puis vint l’analyse spatiale qui consistait à mettre des bulles dans les marges sur les groupes de mots, adjectifs, groupe verbe. Un méli mélo qui me perdait dans l’espace justement jusqu’à me retrouver sur la lune. J’ai décroché totalement en cinquième et c’est l’année ou j’ai cru que la solution à mon problème se trouvait dans le transfert dans une institution anglaise. On se doute que ce n’était pas la bonne solution et je me suis retrouvée en secondaire cinq avec une carence autant en anglais qu’en français puisque je n’avais pas appris la base d’aucune de ces langues. Comment ai-je réussis à obtenir un diplôme en secondaire cinq? En prenant la voie la plus facile et en allant chercher un diplôme d’étude professionnelle en Sténo-Dactylo (ok, bon, pour les plus jeunes…la sténo est une méthode de prise de note rapide très à la mode avant que les ordinateurs ne soient inventés)…non Cornélius, je n’ai jamais vu de dinosaures, ni de tramways et de chevaux dans les rues de Montréal à part que dans le Vieux Montréal!

Pourrait-on croire avoir appris quelque chose de cette erreur, puisqu’on a parlé abondamment des professeurs qui ne savaient pas écrire le français. Personne n’a mis le doigt sur le bobo ou fait de lien avec cette époque. Alors, vous comprendrez que lorsqu’on essaie de me vendre les vertus du renouveau, je suis assez frileuse. C’est ma seule volonté et mon amour des mots qui m’a donné le courage de me traîner le fond de culotte dans des classes de rattrapage pour adulte au lieu de me pavaner dans les boîtes de nuit et danser au son des chansons de Michael Jackson et aux lueurs des lumières discos.

Voici que le cauchemar commence…tel que je l’ai prédit. J’ai l’impression d’être prophète de malheur, mais sachez que je ne fais que devinez par conclusion ce qui va se passer. Cornélius est en échec dans deux des plus importantes matières pour le troisième trimestre. Il a pourtant la capacité de bien réussir et on m’avait fait venir au début de l’année pour me vanter tous ses progrès depuis l’année dernière. Il est en secondaire II. Nous les parents n’avons pas beaucoup de repères pour savoir ce qu’ils apprennent. On a beau dire qu’il faut se fier aux carnets des élèves (communément appelés agendas, ils ont changé le nom pour permettre une plus grande communication entre les professeurs et les élèves), mais je n’ai pas eu de notification autre que quelques examens de mathématique à signer. Bien sûr, ceux-ci n’avaient pas de quoi se péter les bretelles. Bon, il y a l’intégration dans les classes qui m’inquiétait, ainsi qu’un flagrant problème de discipline cette année en cours qui perdure depuis le secondaire I. Il y a aussi le fait que les bulletins chiffrés ne veulent pas en dire plus que lorsqu’ils étaient coté avec des lettres, puis que l’évaluation se fait toujours sur la base d’habiletés. Un exemple? En mathématique on y retrouve une note de 56 % dans la case "résoudre une situation-problème", une note de 46 % dans la case "utiliser un raisonnement mathématique" pour une moyenne de 50 %? La case "communiquer à l’aide du langage mathématique" n’a pas été évaluée. Cependant, le plus étonnant et ce qui parle de lui-même est sans aucun doute la moyenne du groupe qui se situe à 53%. Ce n’est guerre plus reluisant en français.

Comment croyez-vous qu’il sera possible d’encourager les enfants à ne pas décrocher? Ils seront les victimes de cette réforme et nous seront tous responsables en tant que société d’avoir accepté une telle aberration, de n’avoir pas insisté collectivement de mettre fin à cet épisode. On a tous voté pour ces clowns qui ont réussi à nous convaincre qu’étant donné qu’ils avaient l’instruction, ils possédaient la science infuse. Vous saurez me dire si la mission première de cette réforme, qui était d’éviter le décrochage scolaire, n’aura pas l’effet contraire. Je n’ai pas une maîtrise en pédagogie, mais juste une maîtrise en gros bon sens, passée haut la main. Comme Don Quichotte, je me bats contre des moulins à vent. Les gouvernements se suivent et se succèdent et aucun n’a trouvé le moyen de même améliorer le plus urgent, l’éducation, la santé et l’économie qui s’est rajoutée récemment.

De grâce, procurez-vous ce livre de Patrick Moreau – Pourquoi nos enfants sortent-ils de l’école ignorants? Lisez-le avant de l’offrir à nos élus. Le portrait n’est pas encourageant et le renouveau arrivera en 2010 au cégep ce qui aura pour effet d’empirer le besoin de niveler vers le bas. Ces enfants seront nos décideurs, nos soigneurs et nos bâtisseurs de demain. À ce rythme- là, nous aurons besoin d’un assurance-vie avant d’aller consulter nos professionnels dans quelques années, sans oublier qu’ils seront ceux qui prendront soin de nous. Il y a de quoi à sentir son sang se glacer dans les veines! Cheetah…l’avenir est dans les assurances!

Ma chronique d’aujourd’hui est longue, mais le sujet est sérieux…Si je ne vous ai pas perdus, je vous remercie de votre indulgence.

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