dimanche 5 juillet 2009

Et si j’étais une louve qui fait plus que passer parmi le monde?


Moi, qui me cherche depuis le premier souffle de ma vie. Moi, enfantée par une louve à l’âme meurtrie, bâillonnée, qui n’a pas trouvé la voie de la guérison, je jure que je vais me trouver un jour et ce temps n’est pas si loin.

Je me cherche encore, je me suis cherchée, parfois trouvée en partie, mais je ne suis pas entière, complète. Mon âme perd son énergie vitale de louve. C’est que j’écris, j’ai ce pouvoir et parce que j’ai peur d’être trop, peur de ne pas être assez, peur de ce que les gens pourraient penser, peur même que mes écritures trouvent une place dans le cœur et l’âme des gens et qu’on en veuille encore. C’est mon plus grand rêve et ma plus grande peur. Comme la louve qui veut être, mais en même temps craint les fusils des hommes. Elle se concentrera sur ses louveteaux et sera prudente pour protéger ce qu’elle a de plus précieux. Mais au fond d’elle-même, il y a un vide de créativité.

Ma mère Louve a souffert d’incompréhension. Elle si créative et on lui avait enseigné que la création n’avait pas sa place dans un monde où il fallait se battre pour le prochain repas. Elle s’est mise à prévoir, prévoir ce qui pourrait arriver, puis, un jour même, s’imaginer ce qui aurait dû arriver. Ma mère Louve n’avait aucun moyen de s’exprimer. Sa tête pensait, du matin au soir, la nuit même. Son cœur rêvait d’évasion, de moyens de se sentir aimée et aimante. Au petit matin, la réalité la rattrapait, jusqu’à ce que sa mémoire ait oublié comment aimer. Un jour, elle ne se souvient plus quand, et moi non plus, elle est morte. Elle ne souriait plus, et quand elle se souvenait brièvement de l’amour qu’elle s’était déjà porté, de grosses larmes coulaient sur ses joues. Puis à travers moi, ma mère louve contemplait son image, ses possibilités, sa magnificence et ses peurs. En me regardant, tellement elle et tellement moi à la fois, elle a voulu me protéger en me transmettant ses points de vue et ses convictions. Le rôle d’une louve n’est-elle pas de protéger sa progéniture?

Mais j'en ai entendu des faussetés du genre: "si tu crois que tu es d’une telle manière, il se trouvera toujours quelqu’un pour te remettre à ta place!...si tu crois que tu peux faire de grande chose, mieux vaut en faire de petites pour ne pas être déçu...celles qui font de grandes choses sont des chanceuses et ne font rien du tout seule...quand on est nées pour un petit pain."

Ma mère louve se regardant à travers moi, voyait le pire d’elle. Me trouvait-elle belle? J’en doute, sinon pourquoi m’aurait-elle dit, le jour de mon mariage, que de toute manière je ne serais jamais assez belle pour que ma belle-famille m’aime? Elle a semé un doute dans ma tête qui a pris plusieurs années à se dissoudre. Ce fut à travers mes louveteaux que la guérison s’est produite. Tous me disaient que mes enfants me ressemblaient. J’ai fait l’équation mathématique simple. Moi, je les regarde et je les trouve magnifiquement beaux. S’ils me ressemblent, c’est que je ne dois pas être si pire que ça?

Il y a des jours, en vieillissant, je revois dans le miroir, des traits de ma mère louve. Je la trouvais belle ma mère louve lorsqu’elle prenait le temps de se faire belle. Bien sûr, les cheveux à moitié coiffés, les yeux rouges et en pyjama, n’importe quelle louve aurait eu l’air de rien. Puis quand moi, jeune louve, je prenais le temps de me mettre belle pour le loup que je tentais de séduire, ma mère louve devait apprécier le portrait, puisqu’elle me disait « Ouin, tu passes parmi le monde! »

Aujourd’hui, ma mère louve a quitté cette dimension ou elle a eu 80 ans pour se trouver et elle n’a pas pu être elle-même. Les médecins lui ont prescris des médicaments pour apaiser son âme. Il me semble qu’elle ait vécu dans la souffrance toute sa vie, mais n’a pas su plonger dans le vide pour guérir. Moi, petite louve qui un jour ai cru en sa responsabilité du malheur de sa mère louve, j’observe mes louveteaux qui font mon bonheur, certes. Mais ce ne serait pas juste pour eux de leur donner comme responsabilité mon bonheur. Je les laisse vivre leur vie de louveteaux. J’ai compris que mon éducation de louve avait été basée sur la peur de mes ancêtres. Aujourd’hui, je choisis de mettre de côté mes peurs afin de ne pas les transmettre aux louveteaux qui ont besoin d’une forte estime d’eux-mêmes pour suivre leur destin. La vie est une merveilleuse aventure et le bonheur est de faire ce qui plaît à notre âme et d’être payé pour nos talents. Il faut savoir rêver plus grand que nous! Il suffit de s’imaginer où en serait notre monde si d'aucun n’avait osé rêver plus grand.

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