samedi 21 novembre 2009

Réforme de l’orthographe? Sommes- nous témoins d’un nivellement vers le bas?




Le texte suivant est tiré d'un test effectué le 18 novembre dernier dans le cadre d'un cours de rédaction à l'UQTR. Je le trouvais actuel et j'ai décidé d'en faire un billet pour le partager avec vous.

Plusieurs questions me sont venues à l’esprit depuis que j’entends qu’une réforme de l’orthographe est en cours de planification. C’est lorsque, l’année dernière, je suis tombée sur un article très explicite dans un magazine expliquant les grandes lignes que plusieurs questions se sont forgées dans ma tête. Au départ, je n’ai pas vraiment cru que des pédagogues et des enseignants y adhéreraient sans lancer un débat de société. Il semblerait que je me sois trompée puisque ce soir même au bulletin télévisé on a annoncé que le ministère avait l’intention d’accepter cette nouvelle orthographe dès les examens de fin d’année. Rendus au point ou nous en sommes dans le nivellement par le bas, je ne peux m’empêcher d’être sarcastique dans mes propos et de me demander si les élèves auront le moyen de savoir que le mot « oignon », qu’ils ont orthographié « ognon » dans leurs travaux, a déjà eu une différente orthographe. Je m’indigne contre cette idée puisque mon expérience de cobaye d’une réforme appelée méthode du «Sablier » a limité d’une manière importante mes compétences en orthographe et en grammaire française. Moi qui suis une amoureuse de cette langue, il m’aura fallu toute une vie pour corriger mes lacunes.

On ne peut se le cacher, la langue française est compliquée, teintée de beaucoup d’exceptions. On y dénombre d’innombrables règles, simples et compliquées. Elle est ponctuée d’accents. Elle a évolué au fil des décennies et des siècles même. Mais rendue au vingtième siècle, dans une ère où l’éducation est accessible à tous, je n’aurais pu deviner qu’un jour on en serait venu à réformer des mots et des règles présents depuis si longtemps dans nos dictionnaires. Cette réforme est-elle devenue nécessaire à cause des résultats médiocres aux tests de français du ministère et que celui-ci se voit dans l’obligation de niveler vers le bas? C’est une question difficile à répondre d’autant plus qu’on ne chiffre pas les travaux de français dans les écoles, mais on les évalue selon les compétences acquises. Peut-être suis-je naïve, mais il me plaît de croire que le ministère corrige les examens selon la vieille méthode.

Amorcer une réforme de l’orthographe implique la mobilisation et l’intervention de plusieurs groupes. Puisqu’il semble que le processus soit entamé, il va sans dire que des employés gouvernementaux du ministère doivent s’être penchés sur la question depuis un bon moment puisque de nouveaux manuels et dictionnaires seront nécessaires pour enseigner la matière aux élèves. Il y en a déjà quelques-uns qui sont apparus sur les tablettes des librairies. Bientôt cette orthographe sera la norme. Mais la norme pour qui si ce n’est que dans notre belle province qu’elle est utilisée. C’est comme créer une nouvelle langue de la même manière que si l’on employait le «joual » dans nos missives.

Je ne peux m’empêcher de penser que l’idée d’introduire une nouvelle orthographe est le résultat de la réforme scolaire. En sommes-nous rendus à croire que nos enfants sont incapables d’apprendre la langue française? Ce serait un bien triste constat et une atteinte à leur intelligence si c’était le cas. Nous sommes forcés d’admettre que nous avons les enfants que nous formons.

Bien sûr que nos enfants ont développé un langage propre au « clavardage » sur internet. Avec l’évolution rapide des technologies, il apparaît de nouveaux mots et d’autres sont appelés à disparaître. N’est-ce pas le rôle de la société de leur faire savoir que ces abréviations et ces habitudes ne sont pas tolérées ailleurs? Si tous s’entendent sur une norme acceptable, les enfants feront l’effort pour être à la hauteur.

De plus, je ne peux m’empêcher de penser que cette situation est un contrecoup de décisions qui perdurent, non seulement depuis la réforme scolaire de 2001, mais aussi celle de la réforme de l’apprentissage par la méthode du Sablier qui a eu lieu dès les années 1960. Cette méthode visait l’apprentissage du français par la phonétique. Si je n’avais pas fait moi-même l’apprentissage du français par cette méthode, je ne pourrais la critiquer. Mais vous dire que lorsqu’on a appris à épeler ses premiers mots par son, il est difficile de comprendre que le son « b-a-ba t-o-to » bateau puisse prendre un x au pluriel. Il m’aura fallu des années de cours de toutes sortes pour maîtriser un tant soit peu l’orthographe, et j’ai encore beaucoup de difficultés avec la conjugaison des verbes. Mais je refuse de renoncer à l’excellence.

Après presque dix années à subir cette réforme, à en observer les résultats, à se questionner et à s’indigner contre les décisions, j’ai espérance que le gouvernement se réveille enfin avant de voir disparaître notre belle langue. Un jour, le peuple québécois s’est levé et a proclamé haut et fort que l’anglais ne prévaudrait pas sur notre langue. J’appelle au bon sens de chacun de se relever les manches et de repartir le débat. Notre langue ne doit pas être réformée pour permettre à nos enfants d’augmenter les moyennes des tests du ministère. Les tests du ministère ne doivent pas être amendés pour faire accroire à nos enfants qu’ils sont à la hauteur d’une médiocrité créée par nos dirigeants. Ils ont la capacité d’être à la hauteur de la langue que nos ancêtres nous ont léguée pour qu’on en prenne soin.

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