On a qualifié la prostitution comme le plus vieux métier du monde! Moi je dis que le plus vieux métier du monde est mère. C’est aussi le plus difficile et le moins valorisé. Mais les enjeux ont bien changé. Aujourd’hui, faire le choix de rester à la maison est le défi le plus grand qui soit. Premièrement, lorsqu’on ne peut compter que sur un seul salaire de nos jours, ça met de la pression. C’est que, voyez-vous, notre génération n’a pas appris à se serrer la ceinture. Ce sont nos parents qui avaient cette responsabilité. Le fait qu’on ne nous procurait pas tout ce dont nous rêvions et le fait que nous devions souvent faire un choix entre le nécessaire et le superflu en a frustrér certains de notre génération qui se sont jurés qu’un jour ils auraient tout ce dont ils avaient envie. On est devenu des voisins gonflables qui travaillons nuit et jour pour procurer à nos enfants le dernier IPod Touch, le dernier cellulaire, les derniers souliers de sport à la mode. Les enfants ne manquent de rien, sauf du nécessaire…que l’on s’occupe d’eux.
Avez-vous remarqué, lorsque vous sortez prendre une marche, que les rues sont vides? De temps en temps, il y a un enfant ou deux, par ci par là, jouant dans une entrée, sur un terrain. Bien sur, l’été, vous avez probablement plus de chance d’en voir dans une piscine du voisinage pendant qu’ils se rafraichissent entre deux joutes de Xbox. Alors que nous n’avions pas les moyens dans notre temps d’avoir des piscines, une maman emplissait son auto d’enfants et venait nous reconduire à la piscine municipale à 13h00, pour nous reprendre seulement à 17h00 et ce, au moins cinq jours par semaine. Le matin, on se retrouvait au terrain de jeux accomagnées par des monitrices et moniteurs qui organisaient des activités. Dans mon coin, alors que Cheetah et Cornélius avaient l’âge requis pour les activités des parcs, j’ai été témoin que la plupart du temps, ils étaient deux, seuls avec un moniteur et une monitrice. Il faut avoir la créativité bien grande pour ces jeunes adultes moniteurs d’organiser des activités avec seulement deux enfants. Ces moniteurs étaient présents qu’un ou deux après-midi par semaine dans le parc. Où étaient tous les enfants de la ville? Une bonne partie était en camp de jour, vu que les parents travaillaient. Une autre bonne partie était soit en vacances, soit en gang chez un ou chez l’autre selon l’envie de la console de jeux vidéos du jour, une fois chez un qui possédait la WII, une autre fois chez celui qui avait la Playstation3. Très rarement les enfants venaient chez nous, car nous n’avions pas la dernière console Xbox. « C’était plate » disaient-ils.
À l’époque, nous n'avions même pas les moyens d’avoir un ordi, encore moins Internet. C’était une récompense d’aller louer une heure de temps d’internet à la bibliothèque. Récemment, je suis retournée à la bibliothèque (car ma passion pour les mots ne s’arrête pas seulement à écrire). Quand j’ai demandé qui voulait m’accompagner, j’ai une fois de plus eu l’éternelle réponse blasée « c’est plate! ». Oui, mais il y a aussi des CD et des DVD, ai-je dit pour plaider ma cause. Devinez que fut leur réponse? « Pas besoin de CD, on a Limewire et ce sont tous des vieux DVD que possède la bibliothèque ». Ils n’auront bientôt plus besoin de la bibliothèque puisque les recherches que nous faisions jadis pour nos travaux scolaires sont maintenant disponibles pour eux au bout du clavier sur internet. Quelques mots-clés tapés dans un moteur de recherche et le tour est joué.
C’est devenu très difficile de les garder intéressés. Il faut leur trouver une passion. Si vous êtes comme moi, qui n’avez trouvé que votre passion sur le tard après avoir essayé d’innombrables hobbies, vous comprendrez mon inquiétude.
Les enfants d’aujourd’hui ont des chambres pleines de jouets tous plus colorés et intéressants les uns que les autres, que nous leur avons offerts à la sueur de notre front parce que, devant l’étalage, nous sommes tombés sous le charme étant donné la pénurie de notre temps, et s’ennuient encore à mourir. Qu’on ne se le cache pas, nos jeux les plus stimulants n’ont-ils pas été la maison qu’on a bâtie avec la boîte de carton du réfrigérateur et quelques planches, les vieilles robes à crinoline et les vieux souliers à talons hauts que nos mères nous donnaient, qui nous faisaient rêver qu’on était des princesses? Que dire des balades à vélos avec, accroché à une roue à l’aide d’un épingle à linge, un carton de cigarette. On avait l’impression qu’avec le tintamarre les yeux du monde étaient rivés sur nous.
Je ne vous cacherai pas comprendre que les jeux vidéos ne fassent pas nécessairement autant de tort qu’on le dit. Mais je me demande quelle sorte d’adultes la génération gadget va former? Quelle sorte d’enfants forgera-t-elle? J’observe mes deux singes et je me rends compte que le manque de stimulation (ou la trop forte stimulation des jeux vidéos) en font une génération blasée qui a une forte tendance à la dépression. Vont-ils apprendre à être bien avec eux-mêmes sans avoir une manette de jeux entre les mains? Vont-ils trouver une autre façon de se valoriser autrement que de se rendre au prochain niveau? Vont-ils figurer une autre manière de vanter leur mérite autrement que de nous casser les oreilles qu’ils sont passés au travers du jeu vidéo qu’on leur a acheté la veille?
Mes interrogations d’aujourd’hui tendent vers la base, mais je vous parlerai bientôt de cette menace bien réelle, autant au niveau sociologique que criminel, que représente internet pour nos enfants.
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